Malgré le frette et les barbares
Guillaume Hébert
Le Journal De Montreal
La chanson « Les Yankees », de Richard Desjardins, est un chef-d’œuvre. Elle raconte en poésie ce qu’est l’impérialisme et le colonialisme à travers le récit d’un débarquement de marines au sud du continent. La chanson fait écho à une longue tradition de dépossession en Amérique latine, une sombre tradition à l’origine de l’expression « République de bananes ». On avait jadis attribué ce surnom au Honduras à l’époque où une compagnie bananière fonctionnait comme le véritable pouvoir à l’intérieur d’un État dirigé par un gouvernement de marionnettes. Mais qui sont vraiment ces « yankees »?
Honduras : Coup d’état et libre-échange
« On pensait que cette époque était terminée », affirmait Bertha Oliva en conférence à Montréal mercredi dernier. Mme Oliva est la coordonnatrice d’un centre de défense des droits humains au Honduras (COFADEH) et elle commentait la situation désastreuse dans laquelle se trouve son pays. Le Honduras semble se diriger à contre-sens de l’histoire alors qu’il combine aujourd’hui des processus de dépossession dignes de l’époque coloniale et une répression impitoyable de la dissidence comme le faisaient les gouvernements militaires des années 80.
Bertha Oliva réalise une tournée canadienne pour une raison bien simple : depuis le coup d’État de 2009 contre un président trop peu favorable aux intérêts des élites économiques locales, le gouvernement Harper est devenu le plus grand allié de l’État hondurien. Alors qu’on pourrait s’attendre d’un pays qui affirme volontiers faire la promotion des valeurs démocratiques dans le monde qu’il applique plutôt des sanctions à un État où l’impunité règne en matière de violation des droits humains et où le climat social s’est dégradé au point d’en faire la capitale mondiale de l’homicide. Toutefois, le Canada n’a rien trouvé de mieux que de signer un accord de libre-échange avecle Honduras.